Guillaume Delleuse_Double V Gallery_Marseille

Guillaume Delleuse, né en 1986, est photographe et plasticien. Diplômé des Beaux Arts de Marseille et de l’ENSP, il est remarqué par les Rencontres de la Photographie d’Arles en 2016, où il expose un extrait de Corpus. Guillaume Delleuse partage avec l’avant-gardiste russe Alexandre Rodtchenko le goût pour le déséquilibre et le mouvement ainsi que la vision architecturale des corps. Le jeune marseillais assouvi ses obsessions, la religion chrétienne, le corps et la peau, dans le théâtre de la rue. Il travaille sans se cacher, au corps à corps, parfois au flash, au risque de provoquer la confrontation 

avec son sujet. C’est à ce prix qu’il peut sculpter le réel, comme le font Mark Cohen, Leon Levinstein ou Bruce Gilden. Fin 2016, grâce au soutien de Leica France, le jeune talent a produit certaines des images de cette série lors d’une résidence au prestigieux ICP (International Center of Photography) de New York.

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"Mes premières préoccupations en photographie étaient animées par l’influence des travaux de Rodtchenko et du Constructivisme. A la recherche de lignes et formes géométrique simples j’ai commencé à photographier dans la rue des architectures ou des espaces urbains en couleurs. Puis les passants ont commencé à apparaître dans mes images me donnant à réfléchir de manière différente ma photographie. 
Le corps et l’espace architectural ou comment des corps interagissent dans un espace défini.
Un espace défini par un lieu, une situation, un moment donné.
Ces avancées dans ma photographie ont vu aussi l’apparition du noir et blanc exclusivement, afin de renforcer l’attention portée au sujet en lui même, l’aspect graphique de mes images. 
Motivé par ces nouvelles données, le corps prend de plus en plus d’importance dans mes cadrages jusqu’à devenir le sujet principal de mes compositions. La distance photographique entre mes sujets et moi se rétréci, l’intimité devient essentielle à la réalisation de mes images. 
Le travail d’observation et lui aussi très important, j’aime observer se qui m’entoure, cela fait partie intégrante de ma pratique. Je découpe le réel de manière plus précise afin de saisir et montrer un rapport subjectif à mon environnement. Rapport qui se veut assez direct parfois dur, dans lequel mon corps et directement impliqué. 

L’espace devient plus fragmenté plus abstrait, le corps anonyme, du fait notamment de l’utilisation du flash qui focalise l’attention sur le premier plan. Le flash me permet de faire ressortir la matière des corps marqué par un tatouage et les traces du temps sur la peau, rides ou encore cicatrices. Les cadrages assez serrés fractionnent alors le corps et me permettent de composer avec la géométrie de ses formes. Je considère le corps que comme un bâtie, une structure en soi. 
J’ai tendance à sacraliser les corps que je photographie et je fais volontiers un lien avec le corps du christ en croix qui, est un motif récurent dans mon travail, une obsession.
J’ai en effet tendance à photographier en continu certains motifs comme des obsessions, c’est ce qui me permet d’alimenter un flux continu d’images. 
En effet je travaille de manière ininterrompue, plutôt qu’en série : mes images font partie d’un corpus photographique toujours en expansion, où ces motifs se répètent. Ainsi je peux de faire des sélections d’images distinctes et proposer des variations dans mes accrochages.
Il peut m’arriver de rapprocher plusieurs images en fonction d’une thématique commune, par exemple la religion, les gestes ou au contraire grouper des images selon des affinités purement formelles et graphiques.