MAXIMILIEN PELLET

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Né en 1991 à Paris. Vit et travaille à Paris.

Ces figures, en étendard du premier solo show de Maximilien Pellet à la Double V Gallery, aux traits grossièrement humains, ceux d’un primitivisme enfantin où le «bonhomme» règne, sont de part leur tentative de représentation une passerelle dans l’histoire, de l’art pariétal aux avant-gardes : « Certains les imaginaient ainsi ».

La figure de l’artiste, passionné d’art mais aussi collectionneur, s’exprime à travers chacune des pièces aux références non dissimulées : sûrement cette gourmandise de l’emprunt, de l’observation, de l’imitation. Dès lors, chaque carreau de céramique façonné à la main par l’artiste agrège et absorbe autant les effets de styles que les corps extérieurs, telle une grammaire nouvelle que l’artiste déploie au rythme d’un parcours ludique.

Autant de gestes parfois primitifs, instinctifs, sûrement innés qui posent les prémices d’une initiation par sédimentation et oubli volontaire. Un apprentissage autant intuitif que cultivé, par imitation et anachronisme qui participe d’un double mouvement ; la connaissance d’effets inconnus et la redécouverte d’effets connus. Cherchant à produire l’image inédite, non sans didactisme, Maximilien Pellet, usant d’une esthétique faussement surannée, éprouve la modernité par l’inscription dans la tradition : celle du céramiste devenu décorateur

Comme par la volonté d’inscrire une filiation, d’éclairer son cheminement de jeune artiste diplômé en 2014 des Arts Décoratifs de Paris et finaliste de la Design Parade en 2019, Maximilien Pellet aime à convoquer des figures tutélaires. Après avoir rendu hommage à Roger Toulouse, lors de son exposition Les Géants au POCTB en 2018 (hommage sans formalisme, non dans l’exhaustivité du catalogue raisonné — que pourtant l’artiste affectionne tant — mais dans l’empirisme joyeux, prétexte à l’expérimentation formelle chère au peintre orléanais dans sa transition de l’expressionnisme à l’abstraction), Maximilien Pellet souhaite saisir l’opportunité de l’exposition personnelle à la Double V Gallery en mai 2020 pour y inviter la tradition moderne de la céramique des années 60, sous le soleil Méditerranée de l’école de Vallauris.

Construire par assemblage, en grand et en céramique. Ce plaisir de la composition déjà présent dans les carnets de croquis quadrillés de l’artiste s’exprime à l’échelle de l’espace de monstration où chaque châssis au format similaire pourrait être dispersé et recomposé à loisir par sens du spectaculaire. À ce jeu de taquin résonne le récit rocambolesque de l’art et de ses grandes tribulations : fragments volés, toiles découpées, fresques démantelées... bien que la fresque ait depuis l’origine des temps, de l’art rupestre à la renaissance, l’honneur de la persistance dans le temps par une ambition double, spatiale et historiciste.

Chaque pan invite alors la grande comme la petite histoire et façonne une narration elliptique qui, « rejointée », s’inscrit dans la grande tradition picturale par delà les avant- gardes. In fine, ce grand récit de la représentation affirme la permanence d’une chronologie stylistique méconnue des historiens modernes qui pourtant traverse les civilisations humaines.

Thomas Havet