Personne ne bouge !
Félix Deschamps-Mak
© Marina Viguier
La galerie est heureuse de vous convier à Personne ne bouge !, la première exposition personnelle de Félix Deschamps Mak.
Vernissage le Samedi 3 mai de 18h à 21h
Du 6 Mai au 21 juin 2025
28 rue Saint-Jacques · 13006 Marseille
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The gallery is pleased to invite you to Personne ne bouge !, the first solo exhibition of Félix Deschamps Mak.
Opening Reception : Saturday, May 3rd, from 6 to 9 pm
From May 6th to June 21st, 2025
28 rue Saint-Jacques · 13006 Marseille
© Marina Viguier
Dans l’atelier de Félix, une grande toile attire le regard : deux corps figés dans l’intensité d’un bleu nuit, le silence est le fil tendu entre eux. Rien ne bouge, mais tout est en jeu. Son œuvre s’inscrit dans une peinture habitée, traversée par des tensions où le corps, le regard et l’espace deviennent les lieux d’une friction autant physique que mentale.
Né en 1996, diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris et ancien résident de la Casa de Velázquez (2022–2023), Félix Deschamps Mak vit et travaille à Paris.
Pour cette nouvelle série, il poursuit son exploration du combat, intérieur comme extérieur. Qu’il s’agisse d’une corrida, d’un ring de boxe ou d’un face-à-face plus intime avec soi-même, la lutte devient un motif central, une dramaturgie récurrente. Chez lui, la dualité — entre force et fragilité, éclat et silence — n’est pas un effet de style, mais un terrain d’enquête.
Ses figures évoluent dans des espaces clos, suspendus, à mi-chemin entre rêve et souvenir. Ces scènes semblent mises en tension par des interactions énigmatiques, des regards fuyants ou frontaux, où chaque geste contient sa propre gravité. C’est un théâtre de confrontations, où les enjeux restent voilés mais vibrants.
L’artiste puise dans ses archives personnelles, glanées au fil du monde et du temps : un vendeur ambulant dans une ville lointaine, un ours figé dans une rue des années 30, ou encore le visage brûlé mais digne de Niki Lauda. Ces fragments du réel, transfigurés par la peinture, dessinent un territoire flottant entre mémoire et fiction, documentaire et mythe.
À travers eux, la peinture de Félix dialogue avec les portraits de Diane Arbus ou d’August Sander, qui révèlent les failles de l’identité. De la même manière, ses personnages habitent une zone intermédiaire — ni tout à fait anonymes, ni tout à fait incarnés. Ils sont des figures de passage, marquées par le doute, l’ambiguïté, le tiraillement.
Ici, le vide n’est pas absence, mais surface de projection. Il souligne l’instabilité, le seuil, comme si chaque scène menaçait de s’effondrer. Félix développe un langage pictural où les contrastes — visuels et narratifs — deviennent des forces actives :
entre ombre et lumière,
entre maîtrise et accident,
entre apparition et effacement.
L’influence de Goya est palpable dans la densité des atmosphères comme dans la matière même des toiles. Elle insuffle à ces tableaux une profondeur tragique, une tension sourde.
Chez Félix, comme chez Goya, la peinture devient un champ de résistance — contre l’oubli, contre la simplification, contre la paix facile.
Chaque tableau devient alors l’arène d’une lutte silencieuse. Un équilibre instable entre forces irréconciliables. La dualité ne se résout jamais. Elle se rejoue. Encore. Et encore.
Jean Magnin
In Félix's studio, a large canvas draws the eye : two bodies frozen in the intensity of a midnight blue, silence stretched like a tightrope between them. Nothing moves, yet everything is at stake. His work belongs to a form of inhabited painting, traversed by tensions where the body, gaze, and space become sites of both physical and mental friction.
Born in 1996, a graduate of the École des Beaux-Arts de Paris and a former resident at the Casa de Velázquez (2022–2023), Félix Deschamps Mak lives and works in Paris.
With this new series, he continues his exploration of combat — both internal and external. Whether it’s a bullfight, a boxing ring, or a more intimate confrontation with oneself, struggle becomes a central motif, a recurring dramaturgy. For him, duality — between strength and fragility, brilliance and silence — is not a stylistic device, but a field of investigation.
His figures evolve in confined, suspended spaces, halfway between dream and memory. These scenes are charged with enigmatic interactions, evasive or direct gazes, where every gesture holds its own gravity. It is a theater of confrontations, where the stakes remain veiled, yet vibrate with intensity.
The artist draws from his personal archive, collected over time and across the world: a street vendor in a distant city, a bear frozen in a 1930s street, or the burned yet dignified face of Niki Lauda. These fragments of the real, transfigured through painting, sketch a territory floating between memory and fiction, documentary and myth.
Through them, Félix’s painting enters into dialogue with the portraits of Diane Arbus or August Sander, which reveal the cracks in identity. In the same way, his characters inhabit an in-between zone — neither entirely anonymous, nor fully embodied. They are passing figures, marked by doubt, ambiguity, and tension.
Here, emptiness is not absence, but a projection surface. It underscores instability, the threshold — as if each scene threatened to collapse. Félix develops a pictorial language where contrasts — both visual and narrative — become active forces:
between shadow and light,
between control and accident,
between emergence and erasure.
The influence of Goya is palpable in the density of the atmospheres and in the very materiality of the canvases. It breathes a tragic depth, a subdued tension into these works.
In Félix’s work, as in Goya’s, painting becomes a field of resistance — against oblivion, against simplification, against easy peace.
Each painting becomes the arena of a silent struggle. A precarious balance between irreconcilable forces. Duality is never resolved. It is replayed. Again. And again.
Jean Magnin